Chers amis,
Permettez-moi de partager avec vous l’état d’esprit qui m’anime au moment de commencer à travailler sur les premiers « Samedis Okima ».
Les médecines « naturelles », « alternatives », les méthodes de « développement personnel », le chamanisme, la méditation, la médecine quantique, sont « à la mode », et il est bien difficile de s’y retrouver.
Mon objectif n’est donc pas de partir « dans tous les sens », et de foncer « tête baissée » pour faire la promotion de thérapeutes, parfois assez facilement auto-proclamés, adeptes de ces « nouvelles » médecines.
Pour autant, je crois que « l’ouverture » actuelle des « consciences » vers ces autres approches est bénéfique et traduit peut-être bien le début d’une nouvelle relation de l’homme à son corps, à son esprit, et à tout ce qui le transcende.
Ce mouvement s’inscrit d’après moi dans une démarche spirituelle, où le spirituel n’est plus résumé aux croyances religieuses, mais où il exprime un questionnement plus vaste sur le sens, et la place de l’homme dans l’univers.
Mon métier m’a conduit assez naturellement à cette quête de sens.
Car il m’est bien souvent difficile de trouver le sens de la souffrance, de la maladie chronique et invalidante, de la perte des capacités cognitives, de la grabatisation.
Et il m’arrive si souvent de me demander ce que, en dehors des soins « techniques » nécessaires, parfois efficaces, mais toujours insuffisant, il m’est possible de « faire » pour ces hommes et ces femmes dont la vie m’a confié le soin de prendre soin.
Il n’est pas rare que mes dialogues avec les « malades » nous conduisent à évoquer le sens de leur vie, la peur de la mort ou l’espérance d’une transcendance.
Je me rends compte de plus en plus des limites de la médecine que j’ai apprise à la faculté, et que, soyez-en assuré, je ne rejette pas, mais que je m’autorise aujourd’hui non pas à juger, mais à observer et analyser.
Car je suis confronté tous les jours à l’extra-ordinaire.
Et « ma » médecine ne dit rien à propos de la souffrance que vit une victime de la maladie d’Alzheimer qui « erre » toute la journée dans l’angoisse à la recherche… d’elle-même peut être.
Les explications «anatomiques », « physiopathologique » ne me disent pas ce que ressent cette personne, et comment je peux vraiment la rejoindre pour l’aider.
« Ma » médecine m’explique la lésion tumorale et les molécules efficaces pour lutter contre l’envahissement cellulaire du cancer ou la genèse d’une douleur, mais elle ne me « parle » pas de la solitude de celui qui traverse la maladie et qui sait, quoiqu’on en dise, ce qui est en train de se vivre et ce qui va arriver.
Alors il a bien fallu que je me « débrouille » et que j’essaie d’aider autrement qu’avec la chimie, et plus efficacement qu’avec des paroles « apprises » et faussement rassurantes qui sont souvent psalmodiées de manière automatique.
Et comme j’étais perdu, je suis devenu chercheur…
En sortant de la zone de confort que peut procurer l’illusion du savoir, je me suis autorisé à questionner mes apprentissages, mon éducation, mes conditionnements, et à accepter de voir les choses autrement.
Comme me le rappelait mon amie Rachel cette semaine, il est facile de comprendre l’intérêt de changer son angle de vue.
Imaginons par exemple que je vois la photo d’une voiture de face.
Et qu’un autre verrait la voiture de dos.
Et un autre encore sur le côté.
Et imaginons qu’il nous est demandé à chacun de dessiner cette voiture dans son intégralité.
Dessinerions-nous la même chose ?
Seul celui qui aurait vu la voiture de face, de dos, et sur le côté pourrait se faire une représentation plus juste de la réalité.
De la même manière, je peux considérer que j’ai appris à la faculté à voir la médecine du corps.
Est-ce suffisant ?
Je vous laisse juge…
Pour être un « bon » médecin et satisfaire mon égo de « sauveur », il devenait alors « éthiquement » « obligatoire » de m’ouvrir à d’autres dimensions du soin, pour essayer d’en faire une synthèse, « ma » synthèse (qui sera toujours empreinte de ma propre conception).
Et c’est ainsi que j’ai découvert Thierry Jansen, Olivier Chambon, Christophe Faure, Jean-Jacques Charbonnier, Arnaud Desjardins et tant d’autres, qui m’ont initié, non pas à une autre réalité, mais à une réalité plus vaste que celle qui m’était jusque là proposée.
Aujourd’hui je ne suis plus dans le déni de ces autres dimensions, et je pense que l’humanité est en train, tout comme moi, tout doucement d’en sortir, et que nous ne pouvons que nous en réjouir.
Il reste cependant d’après moi plusieurs dangers, dont le premier serait celui de remplacer une croyance par une autre, et de fabriquer un nouveau dogme.
Un autre danger consisterait sans doute à être tellement « fasciné » par ses découvertes que nous en deviendrions naïfs, et prêts à croire, à suivre, n’importe quoi, n’importe qui.
Enfin, le troisième danger serait celui de vouloir aller trop vite, et de mettre en application ce soit disant nouveau savoir sans avoir pris le temps de le comprendre vraiment, et de se l’approprier.
En fondant Esprit Okima , j’essaye d’éviter ces dangers, tout en continuant à croire en ma vocation de médecin, sinon de « sauver le monde », mais au moins, comme le colibri du logo Esprit Okima, de « faire ma part ».
La mission que je me suis donc fixée est de contribuer à faire découvrir et à comprendre d’autres parcours de soins, d’autres expériences de vie.
Mais dans ma volonté de « bien faire », j’ai pris conscience cette semaine que j’étais prêt à succomber aux « charmes » du troisième danger : mon impatience « maladive » me dictait d’aller « plus vite » , par peur sans doute que tout le monde « m’oublie » si je ne proposais pas rapidement le premier samedi Okima.
Cette peur me conduisant tout naturellement au 2ème danger, qui serait de trouver un intervenant quel qu’il soit, pour « assurer » l’organisation d’un évènement en oubliant tout simplement le sens que je voulais lui donner.
J’ai fort heureusement pris conscience de ces dangers, et j’ose affirmer aujourd’hui que même si tout homme doit à un moment savoir « sauter de la falaise » et « oser » l’inconnu, il n’est sans doute pas sot de le faire en vérifiant que l’on a tout l’équipement nécessaire pour ne pas s’écraser en bas !
Et comme le dit avec beaucoup de sagesse Mike Horn, « c’est le jour où je n’aurai plus peur que je me mettrai en danger et que j’arrêterai mes expéditions ».
Alors j’accepte cette peur, et en l’acceptant, je m’aperçois qu’elle se dissout tout naturellement, et qu’elle n’est plus un obstacle.
J’ai donc décidé de prendre un peu plus de temps avant de vous proposer une première rencontre.
Car mon ambition est de faire des samedis Okima des moments « vrais », qui apporteront « autre chose » que ce qui est proposé souvent.
Plus qu’une conférence, différemment d’une formation, c’est avant tout la rencontre avec le témoin qui me parait intéressante.
Comment son parcours de vie l’a conduit à être celui qui vient témoigner ? qui est t-il ? que pense t-il aujourd’hui, au-delà de sa connaissance du sujet qu’il vient présenter ?
Je souhaite donc m’impliquer dans la préparation de l’évènement, et y apporter professionalisme, rigueur, authenticité, mais aussi bien sûr, plaisir et convivialité.
Et puis, l’esprit Okima c’est aussi un esprit pragmatique.
Alors j’aimerai que nous puissions nous interroger : qu’est-ce qui peut nous parler à nous dans ce qui est abordé ? comment peut-on intégrer les apprentissages de cette journée dans notre quotidien ? en quoi est-ce que cela peut m’être utile, à moi ou à mes proches ?
C’est tout cela que je souhaite proposer dans les samedis Okima.
Je suis donc à la recherche de ces personnes authentiques, qu’elles aient déjà une exposition médiatique (je pense par exemple à Olivier Chambon, Frédérique Lemarchand, Anne Dauphine Julliand, ou encore Jeremy Narby que j’aimerai vraiment pouvoir accueillir), ou qu’elles ne soient pas « connues », mais qui agissent dans leur quotidien pour faire vibrer notre monde et apaiser les souffrances et les peurs.
En réussissant ce projet, j’aurai le sentiment profond d’être à ma place dans ce monde, et d’être coordonnateur, passeur, et pleinement médecin.
Alors merci de votre confiance et de votre patience,
C’est ensemble que nous avancerons sur ces beaux chemins,
Alors à très bientôt à tous,
Laurent