Chers amis,
Rencontrer une personne victime d’une maladie d’Alzheimer (mais la rencontrer vraiment), est une expérience extraordinaire.
Confronté à cette pathologie dans mon quotidien professionnel, je peux compter sur leur « sagesse » pour m’enseigner beaucoup de choses, et je voulais partager avec vous quelques-uns de ces enseignements.
Le premier cadeau qu’ils m’ont fait, est de mettre à mal mon égo.
Dans ma vocation de médecin, héritage de mes rêves d’enfant, j’imaginais, comme tout soignant sans doute, sinon sauver le monde, au moins sauver « mes » patients, en mettant à leur disposition « ma » connaissance et « ma » science !
Mais ils se sont vite chargés de me montrer qu’il était vain d’espérer les « sauver » par les médicaments dont je crois pouvoir affirmer qu’ils sont la plupart du temps inefficaces voire délétères pour accompagner cette pathologie.
Se tourner vers les neurosciences ne m’a pas aidé beaucoup plus.
Alors même si cela a fait du mal à mon égo et à mes illusions de toutes puissance, ce sont ces malades plus que tout autre sans doute, qui m’ont conduit à envisager d’autres façons de les soigner.
Et ils ont entre ouvert la porte d’une médecine différente, centrée avant tout sur la relation, la confiance et l’amour.
Le deuxième cadeau qu’ils me font au quotidien, c’est qu’ils sont parfaitement authentiques.
La maladie lorsqu’elle progresse entraine souvent une disparition des « filtres » et autres conditionnements liés à notre éducation.
Et lorsqu’il n’y a plus les filtres, lorsqu’on a enlevé les pelures de l’oignon, il reste le trésor fragile de l’authenticité et des émotions brutes.
Les malades Alzheimer ne sont pas des êtres de raison, ils sont beaucoup plus que cela ; ce sont des êtres d’émotion.
Pas possible de tricher avec eux.
C’est souvent déstabilisant, parfois difficile mais on est toujours dans le « vrai » avec eux, ce qui dans notre société de faux semblants et de « masques sociaux » est d’une richesse inouïe.
Et chaque fois que je lis un livre sur le développement personnel, une approche traditionnelle du soin ou d’autres sagesses, je me rends compte que je suis dans le livre tous les jours, et qu’il me suffit de les observer pour comprendre et essayer de mettre en pratique ces enseignements.
La troisième leçon qui me vient à l’esprit, c’est qu’en dehors du bouleversement de la pensée, de la disparition de l’éducation, de l’appauvrissement de la parole, il persiste une relation et il reste la vie.
Même cabossée, même salie par les pertes et les handicaps, même cachée sous l’épaisseur des angoisses et des peurs, la vie ne demande qu’à s’exprimer et à être accueillie.
Mais savons-nous la cueillir ?
Enfin le quatrième enseignement que je partagerai avec vous aujourd’hui, c’est que ces malades m’ont appris que lorsque j’acceptais de voir les choses différemment, lorsque je m’autorisais à donner autre chose que ce pour quoi j’avais été formé (sans jamais renier pour autant ma formation et son intérêt dans bien des circonstances), et bien c’est à ce moment-là que je pouvais les rencontrer et les soigner vraiment.
Certes la maladie d’Alzheimer ne se guérit pas.
Mais elle se soigne.
Et je pense que malheureusement nous la soignons bien mal aujourd’hui.
Alors merci à tous ces malades, qui sont pour moi de vrais OKIMA !
Ils sont une source d’inspiration et ne sont pas étrangers à ce projet de découvrir, comprendre, partager d’autres approches du soin, complémentaires de notre médecine occidentale et « scientifique ».
Et ce petit texte était aussi important pour moi car je souhaitais réhabiliter la « parole » et la place de ces malades dans notre société, qu’ils peuvent contribuer à leur manière et malgré leur fragilité, à changer en profondeur.
A très bientôt à tous,
Laurent
« L’art de vivre, c’est la relation ; sans relation il n’est pas de vie. » – Krishnamurti
« Comment pouvons-nous savoir ce qu’est la vérité alors que presque tout ce que nous avons appris est un mensonge ? Comment pouvons-nous reconnaître ce qui est réel en nous ? Il m’a fallu du temps pour trouver, mais j’ai trouvé. Nos émotions sont réelles. Chaque émotion que nous ressentons est réelle, est la vérité. Je me suis aperçu que chaque émotion vient de notre esprit ,de notre intégrité ; Elle est complètement authentique.
Vous ne pouvez truquer ce que vous ressentez. Vous pouvez essayer de refouler vos émotions, vous pouvez essayer de justifier ce que vous ressentez, ou mentir à son sujet, mais ce que vous ressentez est authentique. C’est réel, et vous le sentez. Il n’y a rien de faux dans tout ce que vous ressentez. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises émotions ; il n’y a rien de faux avec la colère ou la jalousie ou l’envie. Même si vous ressentez la colère, elle vient de votre intégrité. Même si c’est de tristesse ou de dépression que vous souffrez, il y a toujours une raison pour que vous ressentiez cela ».
Don Miguel Ruiz – la voie de la connaissance