« Réfléchir c’est difficile, c’est pourquoi la plupart des gens jugent » Carl Gustav Jung
Chers amis, je vous propose aujourd’hui une réflexion sur les évolutions de l’approche du soin que je souhaite promouvoir par l’intermédiaire d’Esprit-Okima.
N’oubliez pas de découvrir et de vous inscrire ici à notre prochain évènement du samedi 10 Mars, qui nous permettra de découvrir et comprendre l’importance et l’efficacité de la musique et des sons dans notre santé au quotidien.
Qu’est-ce que la médecine intégrative ?
Ce mouvement est né dans les années 90 aux Etats-Unis.
Il est basé sur le constat que la médecine actuelle, que l’on va définir sous le terme de médecine conventionnelle, est utile et nécessaire, mais insuffisante dans bien des cas pour traiter la maladie et/ou le malade.
Dans les faits, ce constat se traduit par l’explosion des thérapies « complémentaires » et par le nombre important de personnes y ayant recours, le plus souvent à l’insu de leur médecin.
Ces thérapies complémentaires peuvent être issues de médecines dites traditionnelles (médecine Chinoise, Ayurvédique …) ou d’apparition plus récente (Hypnose, EMDR, EFT …)
La médecine intégrative propose de ne pas rejeter d’emblée ces autres thérapies mais de les regarder avec intérêt et pragmatisme, pour les intégrer dans une démarche de soin globale.
La revue « le médecin du Québec » a résumé en 2008 quelques caractéristiques de la médecine intégrative, que nous résumons à notre tour ici :
- Elle se préoccupe du soulagement et du soutien autant que de la guérison (« Guérir parfois, soulager souvent et soutenir toujours » disait Hippocrate)
- Elle considère le malade comme un être unique et entier, dans ses dimensions physiques, sociales, psychologiques et spirituelles
- Elle considère que le patient est un acteur essentiel dans la gestion de sa santé et dans les soins qu’il choisit et construit avec nous.
- Elle met l’accent sur la relation thérapeutique et encourage la compréhension de la culture du patient et de ses croyances pour favoriser la guérison
- Elle recherche et enlève les barrières qui peuvent bloquer la réponse innée de guérison du corps et accepte que la santé et la guérison soient propres à chacun et puissent différer chez deux personnes atteintes de la même maladie
- Elle encourage le travaille de collaboration, non seulement avec le patient, mais aussi avec une équipe interdisciplinaire pour améliorer la prestation de soins
- Souhaite intégrer les meilleurs soins de la médecine scientifique occidentale et ceux des approches complémentaires
- Elle est plus axée sur la santé que sur la maladie
- Elle est enfin en accord avec l’OMS qui définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »
La médecine intégrative est t-elle reconnue ?
Même si elle tarde à être reconnue en France, ce n’est pas le cas outre atlantique, ou un consortium de 35 facultés de médecine aux Etats-Unis et de 3 aux canadas en fait la promotion, et a permis d’en introduire l’enseignement dans les programmes de médecine, et parallèlement de faire progresser la recherche sur les approches parallèles et complémentaires.
Les Etats-Unis ont par ailleurs créé en 1999 le National Center for Complementaryand Alternative Medicine (NCCAM), une agence des National Institutes of Health (NIH) destinée à financer la recherche et à promouvoir ces approches.
En France, le conseil national de l’ordre des médecins a publié en 2015 sur son site Internet un dossier intéressant dénommé : « Quelles places pour les médecines complémentaires » ?
Dans ce dossier, l’ordre des médecins précise que « seules quatre médecines alternatives et complémentaires peuvent faire l’objet de titres et mentions autorisés sur les plaques et ordonnances par le Conseil de l’Ordre : l’homéopathie, l’acupuncture, la mésothérapie, et la médecine manuelle et ostéopathique »
Mais ce dossier reconnait aussi que 40% des Français auraient recours à des MAC (médecines alternatives et complémentaires selon la définition retenue par le conseil de l’ordre), une proportion qui augmente chez les personnes atteintes d’une maladie grave ou chronique.
1 médecin sur 5 déclarant un titre ou une mention de médecine alternative et complémentaire exerce à l’hôpital (salarié ou mixte), preuve que l’hôpital s’ouvre aujourd’hui à ces approches (et d’autres thérapies non encore officiellement reconnues par l’ordre sont désormais de pratique courante à l’hôpital, comme par exemple l’hypnoanalgésie enseignée dans beaucoup de blocs opératoires, services de pédiatrie … ou l’art-thérapie et la musicothérapie).
La direction générale de la santé (DGS) finance depuis 2010 un programme pluriannuel d’évaluation des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique, en lien avec l’INSERM et les sociétés savantes.
Enfin, retenons que dans son dossier, le conseil de l’ordre des médecins propose 5 commandements du recours aux médecines non conventionnelles
- Les médecines complémentaires peuvent accompagner un traitement mais en aucun cas s’y substituer.
- N’écoutez pas les individus proposant des solutions miracles : cela n’existe pas !
- Veillez à ce que le praticien soit un médecin.
- Vous avez recours ou souhaitez avoir recours à une médecine alternative et complémentaire, n’hésitez pas à en parler à votre médecin.
- En cas de doute, rapprochez-vous du Conseil national de l’Ordre des médecins pour avoir des informations sur des pratiques ou sur des praticiens.
Nous pouvons donc voir qu’une ouverture réelle à des approches complémentaires de santé se fait jour en France, avec toutes les légitimes consignes de prudence et la volonté d’inscrire ces approches dans des démarches professionnelles et éthiques rigoureuses.
Mais que sont ces approches complémentaires auxquelles s’intéresse la médecine intégrative ?
Les médecines alternatives et complémentaires font appel à des techniques et pratiques aussi nombreuses que diversifiées. L’OMS, l’Inserm ainsi que le National Center for Complementary and Integrative Health distinguent ainsi :
- Les thérapies biologiques, c’est-à-dire utilisant des produits naturels issus de plantes, de minéraux ou d’animaux (phytothérapie, aromathérapie…).
- Les thérapies manuelles, axées sur la manipulation (ostéopathie, chiropraxie…).
- Les approches corps-esprit (hypnose médicale, méditation, sophrologie…).
- Les autre systèmes reposant sur des fondements théoriques et pratiques propres (acupuncture, homéopathie…).
A cette liste « officielle », on peut ajouter la réflexologie plantaire, l’éthiopathie, les approches énergétiques, l’EMDR, l’EFT, la musicothérapie, la micronutrition …
Mais il n’est pas toujours facile de « faire rentrer » une approche dans une catégorie spécifique, au risque de dénaturer le principe même de l’approche holistique, globale.
Il n’est pas facile non plus pour le patient de s’y retrouver, et de sélectionner la bonne approche, avec le bon praticien, d’où la nécessité, à mon sens, de pouvoir s’appuyer sur des associations qui sélectionnent, coordonnent, évaluent et mettent en relation patients et professionnels.
L’efficacité des approches complémentaires est-elle prouvée ?
C’est évidemment un sujet important mais éminemment complexe.
Si l’on se place du côté de l’approche scientifique « pure », l’existence de « preuve » nécessitent des études randomisées longues et couteuses, qui ne seront pas financées par les laboratoires car pouvant aller à l’encontre de certains de leurs intérêts.
A ce jour des études ont pu cependant prouver l’efficacité de certaines techniques comme l’acupuncture ou la méditation
Nous trouvons dans le dossier du conseil de l’ordre, l’intervention ci-dessous, émanant du Pr Daniel Bontoux, membre de l’académie de médecine et co-auteur du rapport Thérapies complémentaires – acupuncture, hypnose, ostéopathie, tai-chi : leur place parmi les ressources de soins
« À ce jour, on sait que les thérapies complémentaires sont sans effet, donc sans intérêt, vis-à-vis des maladies organiques, il n’y a sur ce point pas de débat. Vis-à-vis des troubles fonctionnels, leur effet est rarement attesté par les preuves scientifiques qu’exige la thérapeutique contemporaine – en clair, les essais contrôlés randomisés – et ce n’est alors qu’avec un faible niveau de preuve. Néanmoins, ces pratiques sont appréciées par leurs usagers. Donc, s’il ne s’agit que de réduire le symptôme (et en aucun cas bien sûr s’attaquer à sa cause), si un traitement simple et anodin n’y suffit pas, si l’essai de la thérapie est souhaité par le patient et permet de conserver sa confiance et d’éviter l’usage de produits plus dangereux ou mal tolérés, pourquoi y renoncer ? Ces considérations justifient l’usage, uniquement complémentaire, que la médecine conventionnelle peut faire de ces thérapies. Cela offre un double avantage : éviter, tant que faire se peut, la surcharge en médicaments, et prévenir l’échappement de certains malades dans une dérive sectaire. Car, il faut le souligner, le grand danger des thérapies complémentaires est que certains patients croient pouvoir trouver dans ces pratiques ce qu’ils n’ont pas obtenu de la médecine, et abandonnent la médecine pour un pur charlatanisme. Parer à ce risque : voilà le principal intérêt de l’adoption de ces pratiques par la médecine conventionnelle. »
On voit bien ici la prudence, la méfiance voire la défiance vis-à-vis de ces approches complémentaires, et même si le Pr BONTOUX est sans doute dans son rôle en rappelant la nécessité de preuves « scientifiques » de l’efficacité de ces médecines sur le corps, il se place encore dans le dogme du fonctionnement purement mécanique et biologique de l’organisme, rejetant « par principe » d’autres théories notamment énergétiques, pourtant reconnues par de nombreuses approches complémentaires.
Enfin nous pouvons suggérer que la médecine chinoise par exemple ayant plus de 2000 ans, ce serait peut être à notre médecine occidentale d’être qualifiée de « complémentaire »
Je me sens personnellement plus proche de la vision proposée par le journal « le médecin du Québec » :
« Dans cette vision plus mécanistique de la maladie, une solution extérieure au problème, comme un médicament ou une opération, permet de revenir à une santé « intacte ». Le modèle biomédical occidental est approprié en présence de problèmes de santé aigus, comme les infections ou les traumatismes. Il permet une représentation simplifiée de la réalité, utile pour guider le diagnostic et le traitement.
Toutefois, la réalité est complexe et mouvante. Une perspective globale est nécessaire pour appréhender la nature interactive de la santé. (…) On se situe dans le courant constructiviste selon lequel la réalité n’est pas unique, mais plutôt construite par la personne qui l’observe. Il amène une conception pluraliste de la réalité. Pour chaque être humain, il existe une réalité propre. Les expériences passées, les valeurs et la culture se répercutent sur l’idée que se fait la personne de son existence. La perspective constructiviste aide à comprendre pourquoi le médecin et le patient ont des visions différentes, par exemple, concernant l’observance d’un traitement. »
Ce nouveau modèle permet donc d’intégrer d’autres approches et dès lors ne peut baser l’évaluation de son efficacité uniquement sur la base du modèle mécanistique.
Cela étant, j’estime qu’il est bien entendu nécessaire de développer les travaux de recherche et de faire preuve d’éthique, de prudence, de discernement et d’évaluation dans notre compréhension et éventuelle adhésion à ces approches complémentaires.
Sources :
- Le médecin du Québec, volume 43, n°1, Janvier 2008
- Quelles places pour les médecines complémentaires ? Publication de l’Ordre National des Médecins – Juillet 2015
- Psychothérapie-intégrative.com